Résultats de l’enquête
Le 30 avril dernier, l’Association Asthme & Allergies lançait une enquête nationale via internet, portant sur le vécu des asthmatiques en cette période de crise sanitaire. Vous avez été nombreux à participer. En effet, 1 206 réponses ont été collectées et analysées. Outre des informations concernant l’impact de la crise sanitaire sur l’observance des traitements, l’accès aux soins et sur le plan psychologique, l’objectif de cette enquête était aussi de recueillir la parole des patients asthmatiques. Comme le souligne Marc Sapène, Président de l’association: “Depuis toujours, l’Association Asthme & Allergies se préoccupe du vécu des malades et se fait une fois de plus le porte-parole des patients asthmatiques qui ont été fortement impactés par la Covid19″.
Un impact psychologique majeur
Les résultats de l’enquête confirment l’inquiétude et l’angoisse exprimées à travers les appels reçus au Numéro Vert de l’Association : plus de 80% des patients asthmatiques s’estiment plus à risque que le reste de la population vis-à-vis du Covid-19 et l’anxiété très forte, exprimée par 84% d’entre eux, les a motivés à rechercher de l’information validée.
Paroles de patients :
« Je reste prudente. Je ne retourne pas dans les magasins j’ai repris le travail très angoissée. Je suis à l’accueil du public ».
« Angoisse ressentie. Inquiète sur la reprise du travail. Difficile de respirer à travers un masque qui accentue la gêne respiratoire habituelle ».
« Ce que j’ai surtout ressenti, c’est l’incertitude de savoir réellement les risques qu’engendre l’asthme par rapport au Covid: à la fois l’asthme est considéré comme une pathologie à risque et à la fois on peut lire parfois qu’une personne asthmatique n’a pas plus de risques de contracter le virus. C’est difficile de s’y retrouver dans tout ça et savoir si notre peur est réellement justifiée ou pas ».
Une recherche d’informations importante
Outre les 8 000 appels reçus au Numéro Vert par des patients en recherche d’informations sur les comportements à adopter par rapport à leurs traitements, 63% des patients interrogés ont cherché à contacter leur médecin pour avoir des renseignements sur le virus, les dangers par rapport à leur asthme et savoir s’ils devaient continuer à se traiter. En effet, des messages indiquant que les anti-inflammatoires, et notamment la cortisone, étaient contre-indiqués pendant la période de pandémie, leur utilisation risquant d’aggraver les risques vis-à-vis du virus. Cette inquiétude a d’ailleurs été aggravée par le fait que 52% des rendez-vous médicaux prévus ont été annulés.
“Ces résultats sont en accord avec ce que les pneumologues ont constaté pendant la crise sanitaire, souligne le Pr Gilles Garcia, pneumologue, membre de l’Association Asthme & Allergies. Les médecins ont dû gérer un afflux de patients dans les services hospitaliers imposant de nombreuses modifications et annulations de consultations. Les patients ont également annulé eux-mêmes des consultations, inquiets de courir un risque de contamination potentielle en se rendant dans des structures médicales”.
Paroles de patients :
« J’avais entendu dire que la cortisone même inhalée pouvait aggraver l’état en cas de Covid ».
« Peur d’attraper le virus à cause de la cortisone ».
« Si je me souviens bien, une information a été communiquée un vendredi, laissant les patients dans l’angoisse tout le week-end, sans savoir s’ils pouvaient ou non continuer leur traitement de fond (pour beaucoup l’arrêter signifie le retour des symptômes) et sans pouvoir contacter leur médecin traitant avant le lundi ».
Des patients acteurs de leur maladie
Malgré cela, les patients asthmatiques se sont responsabilisés par rapport à leur traitement, puisque 82% d’entre eux ont continué à prendre leur traitement de fond et 13% l’ont repris après l’avoir arrêté, une fois rassurés sur le fait qu’ils pouvaient continuer à se traiter malgré l’épidémie.
Paroles de patients :
« J’ai arrêté mon traitement parce que j’avais peur d’augmenter les risques et je l’ai repris après avoir appelé le numéro vert et mon pneumologue ».
« J’ai eu peur et puis je me suis renseignée et je l’ai repris ».
« J’ai continué mon traitement grâce aux conseils du 15 et de mon médecin traitant ».
On note également un recours très nouveau à la téléconsultation chez 37% des patients qui déclarent en avoir bénéficié alors que cette pratique était quasi-inexistante avant la crise sanitaire. Selon le Pr Gilles Garcia: “De nombreux médecins ont proposé des téléconsultations à leurs patients. Il s’agit d’un outil intéressant qui a permis de maintenir une présence médicale et de rassurer les patients. Cette réassurance a été un élément fondamental dès le début du confinement”.
75% des répondants déclarent avoir ressenti des symptômes d’asthme pendant la pandémie. Là encore, ils ont fait preuve d’un grand degré d’autonomie puisque 70% d’entre eux ont eu recours aux conseils figurant sur l’ordonnance remise par leur médecin décrivant la conduite à tenir en cas de crise. Ceci plaide en faveur d’une systématisation des plans d’actions personnalisés.
Commentaire du Pr Gilles Garcia: “Enfin cette étude nous apporte un élément intéressant : les patients ont finalement été autonomes dans cette situation anxiogène très difficile: 2 patients sur 3 ont suivi l’ordonnance prescrite en cas de crise (plan d’action) délivrée par leur médecin. Cela souligne l’importance de transmettre un plan d’action individualisé qui permet de mieux évaluer et appréhender un symptôme aigu d’asthme sans forcément recourir à l’avis d’un professionnel de santé”.
Les asthmatiques, davantage infectés par le virus ?
Enfin, 8% des patients asthmatiques que nous avons interrogés ont déclaré avoir été infectés par le virus. Ce chiffre est assez élevé par rapport aux estimations dans la population générale mais la confirmation par un test n’a été réalisée que dans de rares cas. Ceci mériterait une enquête épidémiologique spécifique sur la population des asthmatiques.
Témoignage de Dorian (25 ans) patient asthmatique, membre de l’Association Asthme & Allergies
“Avec l’arrivée du COVID-19, je me suis beaucoup inquiété. Avec mon asthme, je me fais toujours du souci à l’arrivée de l’hiver avec les virus qui circulent, car cela me provoque le plus souvent de l’asthme qui se manifeste par de la toux. Les annonces du Ministère de la Santé et les informations dans les médias m’ont beaucoup déstabilisé sur le plan psychologique. Les messages disant qu’il ne fallait pas prendre de corticoïdes étaient très inquiétants car mon traitement de fond est à base de cortisone inhalée. Ça a aussi été compliqué pour moi avec mon activité professionnelle qui n’était pas possible en télétravail. J’ai dû faire un choix : soit me sentir mal considéré par mon employeur en me faisant arrêter par mon médecin, soit continuer d’assurer le service minimum demandé en prenant des risques vis à vis de mon asthme. J’ai finalement choisi de ne pas me faire arrêter. Surtout au début, en l’absence de masque, j’avais peur d’attraper le Covid-19. A cause de mon asthme, il m’arrive parfois d’avoir une sensation d’oppression, comme si j’avais un poids sur la poitrine. Avec l’épidémie j’avais beaucoup plus souvent cette sensation.”
Cliquez ici pour accéder aux résultats complets de l’enquête.
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Pour que la voix des personnes asthmatiques et allergiques soit entendue par les autorités de santé, il est important que nous soyons nombreux à lutter pour notre cause.
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